Processionnaires et autres chenilles « poilues » : ne les confondez plus !

Vous avez trouvé une ou plusieurs chenilles dans votre jardin, et vous voudriez savoir si elle pourrait être dangereuse pour vous, pour vos enfants ou pour vos animaux domestiques ? Vous aimeriez mettre un nom sur une chenille « poilue » que vous avez trouvée, mais vous ne savez pas par où chercher ?

Chaque année, les chenilles processionnaires sont à l’honneur de nombreux articles alarmistes qui nous mettent en garde contre les effets que peuvent provoquer leur contact : irritations, réactions allergiques, voire problèmes respiratoires. Mais peu d’articles, en fin de compte, indiquent comment reconnaître à coup sûr les chenilles processionnaires, et aucun à ma connaissance ne donne de conseils pour différencier les processionnaires des autres chenilles, inoffensives, avec lesquelles elles peuvent être confondues.

Dans cet article, je vais tenter de vous expliquer comment reconnaître les chenilles processionnaires, et je vous présenterai une vingtaine d’espèces de chenilles avec lesquelles elles sont le plus souvent confondues. 

Sommaire

  • Avant propos
  • Les chenilles processionnaires
  • Les autres chenilles vivant en groupe dans les arbres
  • Les chenilles vivant en groupe sur des plantes basses
  • Les chenilles « poilues » ne vivant pas en groupe
  • Conclusion

Avant de lire l’article, vous pouvez si vous le souhaitez tester vos connaissances en cliquant ici : il s’agit d’un petit quiz sur les chenilles poilues.

Avant propos

Certains critères autres que l’apparence permettent d’éliminer d’office la possibilité que vos chenilles soient des processionnaires : la plante hôte, la date, et le comportement.

1. Les chenilles processionnaires se rencontrent uniquement et exclusivement sur les arbres suivants :

  • Pins, Cèdres, voire Sapin de Douglas, pour la Processionnaire du pin,
  • Chênes pour la Processionnaire du chêne (une mention, marginale, de ces chenilles sur un Liquidambar, espèce exogène).

Par conséquent, si vous avez trouvé un groupe de chenilles se nourrissant d’autres plantes que celles citées ci-dessus (arbres fruitiers, plantes basses…), il ne peut pas s’agir de processionnaires. Il s’agit forcément d’une autre espèce. Vous ne verrez jamais, dans des conditions naturelles, des chenilles processionnaires se nourrir dans un cerisier ou dans un massif d’orties. 

2. Les chenilles processionnaires se rencontrent à une période bien précise de l’année : 

  • Les processions de la Processionnaire du pin ont lieu au tout début du printemps, vers les mois de février et mars. En altitude, il peut y avoir un décalage de quelques semaines, mais c’est toujours lorsque les températures commencent à remonter à la fin de l’hiver qu’ont lieu leurs processions. Elles quittent alors leur arbre pour s’enfouir dans le sol et se nymphoser (= se métamorphoser en chrysalide).
  • La processionnaire du chêne quant à elle se rencontre surtout de mai à juillet. Chez cette espèce, la procession n’est pas systématique, puisque la nymphose n’a pas lieu au sol mais dans les bourses de soie qu’elles tissent contre les troncs et les grosses branches des chênes. Il arrive cependant qu’elles se déplacent en procession, pour passer d’un chêne à l’autre par exemple. 

3. Les chenilles processionnaires vivent en groupe. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’on les appelle processionnaires : c’est parce qu’elles se déplacent les unes derrière les autres, comme lors des processions religieuses. Bien sûr, il peut arriver qu’un coup de vent fasse tomber une chenille de son arbre, mais c’est très rare. Dans tous les cas, les processionnaires du pin se rencontrent toujours à proximité immédiate des résineux, et celles du chêne, à proximité immédiate des Chênes. Si vous avez trouvé une chenille poilue isolée, il y a de fortes chances qu’il s’agisse plutôt d’une des espèces décrites ci-dessous ; et si vous l’avez vue se nourrir d’une plante que je n’ai pas cité plus haut, aucun doute, ce n’est pas une processionnaire !

Maintenant que vous avez pris connaissance de ces 3 critères essentiels, essayons de mettre un nom sur votre chenille… 

Les chenilles processionnaires

En France, on peut rencontrer trois espèces de chenilles processionnaires, mais seules deux d’entre elles peuvent être rencontrées dans les jardins. La troisième espèce, la Processionnaire pinivore (Thaumetopoea pinivora), est rare et localisée dans certains départements de la moitié Sud de la France. Alors à moins que vous viviez sur une colline sèche peuplée de pins à 1000 mètres d’altitude dans les Hautes Alpes, vous avez peu de chances d’en rencontrer un jour sur votre pelouse.

La Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa)
La Processionnaire du pinOù vit-elle ? Exclusivement dans les Pins (Pin sylvestre, Pin maritime, Pin parasol…), et parfois dans les Cèdres ou les Sapins de Douglas.
Quand peut-on l’observer ? Les chenilles tissent des nids de soie à l’extrémité des branches, qui sont visibles tout au long de l’hiver. Au début du printemps, vers février – mars, elles quittent leur nid pour descendre au sol, en formant une procession, puis s’enterrent dans le sol pour effectuer leur nymphose (= se métamorphoser en chrysalide). 
Est-elle dangereuse ? Son contact peut provoquer de vives réactions allergiques : elle ne doit pas être manipulée ni approchée.
Comment la reconnaître ? Elle s’observe très rarement seule. Sa face dorsale est orange barrée de noir. Sur le côté, elle possède de longs poils gris clair. Sa tête est entièrement noire et lisse.

La Processionnaire du chêne (Thaumeotopoea processionea)
La Processionnaire du chêneOù vit-elle ? Exclusivement dans les chênes (Chêne pédonculé, Chêne sessile…)
Quand peut-on l’observer ? Plus tard dans l’année que la Processionnaire du pin, dès le mois de mai et jusqu’en juillet environ.
Est-elle dangereuse ? Tout comme la Processionnaire du pin, son contact peut provoquer des réactions allergiques et des irritations : il ne faut ni s’en approcher, ni la toucher.
Comment la reconnaître ? Elle s’observe rarement seule. Sa face dorsale est noire et ses côtés sont gris. Elle possède de longs poils blancs partant d’un petit point orange. Sa tête est noire et lisse. 

Les autres chenilles vivant en groupe dans les arbres

Le Bombyx Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea)
Le Bombyx cul-brun
 vit-elle ? Dans de très nombreuses espèces d’arbres différents (souvent Chênes, Aubépines, Eglantiers, arbres fruitiers …) , c’est une chenille polyphage.
Quand peut-on l’observer ? Les jeunes chenilles passent l’hiver dans un petit nid de soie autour d’une ou deux feuilles séchées. Elles reprennent leur développement au printemps et sont alors essentiellement visibles d’avril à juin.
Est-elle dangereuse ? Elle fait partie des chenilles urticantes, évitez donc tout contact avec elle ; les années où elle pullule, elle peut également être responsable de la défoliation de nombreux arbres…
Comment la reconnaître ? Le critère essentiel pour reconnaître cette chenille est la paire de points rouges qu’elle possède à l’arrière du corps, visible assez tôt au cours de son développement. Sa couleur générale est le brun sombre, et elle possède sur les côtés du corps une ligne de points blancs. Enfin, son corps est couvert de longs poils orange. Les chenilles vivent dans des nids de soie pendant une bonne partie de leur développement, puis s’isolent jusqu’à la nymphose.

La Livrée des arbres (Malacosoma neustria)
La Livrée des arbresOù vit-elle ? Dans de nombreux arbres : Prunelliers, Aubépines, arbres fruitiers.. Les jeunes chenilles tissent une toile de soie dans laquelle elles restent groupées. En grandissant, elles se dispersent et peuvent alors être observées seules.
Quand peut-on les observer ? Dès le mois d’avril et durant tout le printemps.
Sont-elles dangereuses ? Les Livrées sont totalement inoffensives : elles ne possèdent pas de poils urticants et sont même « toute douces » au toucher.
Comment les reconnaître ? Elles possèdent sur la face dorsale plusieurs lignes parallèles : la ligne centrale est blanche (pas forcément visibles aux premiers stades larvaires), et les autres sont oranges et bleues. La tête est bleue, avec deux points noirs comme des yeux. Chez les jeunes chenilles, la tête est noire,  et les lignes dorsales sont d’un beige plus terne.

Le Bombyx disparate (Lymantria dispar)
Le Bombyx disparateContrairement aux autres espèces mentionnées dans ce paragraphe, les chenilles du Bombyx disparate ne sont pas grégaires. Mais comme les pullulations de cette espèce sont régulières, il arrive qu’on puisse observer des dizaines d’individus dans le même arbre, raison pour laquelle je l’ai rangée dans cette catégorie.
Où vit-elle ? Sur les Chênes, les Charmes, les Hêtres, les Prunelliers… et de nombreux autres arbres (400 espèces différentes selon l’institut Suisse d’entomologie forestière).
Quand peut-on l’observer ? D’avril à juillet essentiellement.
Est-elle dangereuse ? Elle est totalement inoffensive pour les humains, car elle ne possède pas de poils urticants. Elle peut être manipulée sans crainte. En revanche, elle est considérée comme un ravageur des forêts.
Comment la reconnaître ? C’est une chenille très simple à reconnaître : elle possède une grosse tête orangée avec deux traits noirs, lui faisant comme deux yeux. Elle porte sur la face dorsale plusieurs paires de points rouges et bleus disposés en ligne, qui ont tendance à ternir au dernier stade. Elle possède également de chaque côté de la tête une petite protubérance de laquelle part une touffe de longs poils, qui, de face, donnent l’impression qu’elle porte des couettes. 

La Laineuse du cerisier (Eriogaster lanestris)
La Laineuse du cerisierOù vit-elle ? Dans les Aubépines, les Prunelliers, les Aulnes, les Saules… et certains arbres fruitiers.
Quand peut-on l’observer ? Du mois d’avril au mois de juin.
Est-elle dangereuse ? Le contact de ces chenilles peut provoquer de légères réactions chez les personnes à la peau sensible : évitez de les prendre dans vos mains si ce n’est pas nécessaire. En revanche il n’y a aucun risque à s’en approcher pour les observer.
Comment la reconnaître ? Les chenilles de la Laineuse du Cerisier tissent très tôt un grand nid de soie. Elles sont d’un gris bleuté très sombre et possèdent des lignes latérales de petits motifs blancs formant des U ou des O. En grandissant, elles développent de petites touffes de poils oranges courts disposés le long du corps, au dessus des motifs blancs. Leur corps est parsemé de longs poils blancs et fins.

La Laineuse du prunellier (Eriogaster catax)
La Laineuse du prunellier
Proche cousine de la Laineuse du cerisier, cette chenille se rencontre plus tôt dans l’année. Rare et localisée, elle est protégée sur l’ensemble du territoire français, et inscrite en annexe II de la Convention de Berne et en annexes II et IV de la Directive Habitats-Faune-Flore. Si vous avez trouvé ces chenilles dans votre jardin, ne les détruisez surtout pas et contactez une association naturaliste pour confirmer leur identité et les recenser. 
Où vit-elle ? Dans les Aubépines et les Prunelliers principalement.
Quand peut-on l’observer ? Plus tôt que la précédente, dès le mois de mars jusqu’à fin avril.
Est-elle dangereuse ? Cette chenille ne présente pas de danger particulier, mais dans tous les cas évitez de la manipuler – c’est une espèce protégée, à ne pas déranger !
Comment la reconnaître ? Ces chenilles vivent dans une grande toile de soie durant les premiers stades. Leur corps est gris sombre avec une ligne de motifs blancs en pointillés, et couvert d’une dense pilosité brun-roux et grise. 

Le Gazé (Aporia crataegi)
Le GazéOù vit-elle ? Sur les arbres de la famille des Rosacées : Prunellier, Aubépine, Prunier, Sorbier des oiseleurs, arbres fruitiers…
Quand peut-on l’observer ? Généralement en avril-mai, parfois juin.
Est-elle dangereuse ? Elle est totalement inoffensive.
Comment la reconnaître ? La chenille vit en groupe dans un nid de soie. Elle est légèrement poilue, gris clair à foncé sur les côtés et orange sur le dessus, avec une ligne médiane plus sombre.
Autrefois commun, le Gazé a connu un fort déclin en France, en particulier dans le Nord où il a disparu de certains départements. C’est une espèce protégée en Île de France.

La Bucéphale (Phalera bucephala)
La Bucéphale
 vit-elle ? On la rencontre dans les Saules, les Aulnes, les Tilleuls, les Peupliers, les Ormes, les Chênes…
Quand peut-on l’observer ? La Bucéphale peut être observée en été, essentiellement de juillet à septembre. Ses chenilles sont grégaires, surtout aux premiers stades larvaires, et peuvent former d’impressionnants rassemblements sur les branches et les feuilles de leur arbre-hôte.
Est-elle dangereuse ? Non, elle est inoffensive. Ses poils ne sont pas urticants.
Comment la reconnaître ? Cette chenille est jaune avec des motifs noirs et blancs. Sa tête est noire avec une tache jaune en forme de Y à l’envers (surtout visible chez les individus déjà bien développés). Son corps est couvert de longues soies fines.

La Grande tortue (Nymphalis polychloros)
La Grande tortueOù vit-elle
 ? Dans les Cerisiers, les Ormes, Saules, Peupliers, certains arbres fruitiers…
Quand peut-on l’observer ? D’avril à juillet environ.
Est-elle dangereuse ? Elle est totalement inoffensive.
Comment la reconnaître ? Sa couleur générale est le noir. Son dos est traversé d’une ligne brune et elle porte des rangées de soies épineuses de la même couleur. Sa tête est assez petite et bien détachée du reste de son corps. Les chenilles restent groupées durant la plus grande partie de leur développement.

Les Hyponomeutes (Yponomeuta spp.)
Les HyponomeutesOù vivent-elles
 ? On les rencontre souvent sur les Fusains, mais certaines espèces peuvent consommer le Sorbier des oiseleurs, le Cerisier de Sainte-Lucie, les Saules, ou certains  arbres fruitiers.
Quand peut-on les observer ? Aux alentours des mois de mai et juin.
Sont-elles dangereuses ? Ce sont des chenilles totalement inoffensives pour l’homme. Elles peuvent défolier sévèrement les Fusains, mais ils s’en remettent généralement assez bien, et de nouvelles feuilles repoussent en été après leur passage.
Comment les reconnaître ? On remarque surtout la présence d’Hyponomeutes aux énormes tentes de soies qu’elles tissent, dans lesquelles elles passent la totalité de leur stade larvaire. Ce sont de petites chenilles blanc crème tachetées de noir.

Les Tenthrèdes
Les TenthrèdesLes Tenthrède ne sont pas des Lépidoptères (contrairement aux chenilles), mais des Hyménoptères (= ordre des abeilles, guêpes, bourdons, fourmis…). 
Où vivent-elle
? Les espèces grégaires, comme certaines représentées ci-dessus, se rencontrent généralement dans diverses essences de ligneux, différentes selon les espèces. Dans les jardins, on peut en observer sur les Rosiers et les Saules. D’autres espèces sont solitaires et se rencontrent plutôt sur les plantes basses.
Quand peut-on les observer ? Tout au long du printemps et de l’été.
Sont-elles dangereuses ? Elles sont totalement inoffensives.
Comment les reconnaître ? Ces larves ressemblent à des chenilles, mais possèdent une seule paire d’yeux et au moins 6 paires de fausses-pattes abdominales. Les couleurs et les motifs varient selon les espèces. (Pour apprendre à différencier les tenthrèdes des chenilles, consultez la page Toutes les chenilles deviennent-elles des papillons ?)

Les chenilles vivant en groupe sur des plantes basses

Le Paon du jour (Aglais io)
Le Paon du jour
 vit-elle ? Exclusivement sur les Orties.
Quand peut-on l’observer ? Au printemps et en été, d’avril à août environ. Plusieurs générations peuvent se succéder au cours d’une même année.
Est-elle dangereuse ? Pas du tout.
Comment la reconnaître ? Le corps de cette chenille est d’un noir profond, constellé de petites taches blanches. Les fausses pattes sont orangées. Elle porte de longues soies épineuses noires.

La Petite tortue (Aglais urticae)
La Petite tortue
 vit-elle ? Exclusivement sur les Orties, comme le Paon du jour.
Quand peut-on l’observer ? Au printemps et en été, d’avril à août environ. Plusieurs générations peuvent se succéder au cours d’une même année.
Est-elle dangereuse ? Pas du tout.
Comment la reconnaître ? Le corps de cette chenille est gris avec plusieurs lignes dorsales et latérales jaunâtres. Elle porte de petits soies épineuses.

La Mélitée du plantain (Melitaea cinxia) 
La Mélitée du plantain
 vit-elle ? Dans les Plantains et les Véroniques, parfois aussi d’autres plantes basses.
Quand peut-on l’observer ? Généralement au tout début du printemps (février – avril), avec une seconde génération en été (juillet – août).
Est-elle dangereuse ? Pas du tout.
Comment la reconnaître ? Le corps de cette chenille est noir, avec de petites soies épineuses de la même couleur. Sa tête et ses fausses-pattes sont rouges.

La Livrée alpine (Malacosoma alpicola) et la Franconienne (Malacosoma franconica)
La Livrée alpine
La Franconienne

Dans certaines régions de France, on peut observer deux autres espèces de Livrées, qui sont elles aussi inoffensives : la Livrée alpine (en haut) et la Franconienne (en bas). La première se rencontre dans les Alpes et dans le Jura, à partir de 1000 mètres d’altitude ; la seconde s’observe plutôt dans le midi de la France et sur la façade atlantique. Les deux vivent au sol et forment des colonies regroupées autour d’une grande toile de soie.

La Piéride du chou (Pieris brassicae)
La Piéride du chou
Où vit-elle ? Dans les Choux et autres Brassicacées, parfois aussi dans les Capucines.
Quand peut-on l’observer ? Surtout en été dans les jardins, entre juin et août, mais plus largement entre avril et septembre.
Est-elle dangereuse ? Pas du tout.
Comment la reconnaître ? Ces chenilles sont d’un jaune verdâtre, couvertes de taches noires. Elles sont finement velues de courtes soies claires. 

Les chenilles « poilues » ne vivant pas en groupe

Le Bombyx du chêne (Lasiocampa quercus)
Le Bombyx du chêne
Où vit-elle
? Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, elle n’est pas strictement inféodée aux Chênes et se nourrit plutôt d’autres plantes : Ronces, Prunellier…
Quand peut-on l’observer ? Elle s’observe facilement dans les jardins essentiellement de mai à juillet. On peut la rencontrer à d’autres moments de l’année, car les chenilles naissent à la fin de l’été, commencent à grandir en automne, et hivernent jusqu’au printemps pour reprendre leur développement à ce moment.
Est-elle dangereuse ? Cette chenille peut sans problème être déplacée en utilisant une petite cuillère ou une feuille. Elle n’éjecte pas de poils urticants en cas de danger. Son contact n’est pas dangereux, mais les personnes à la peau sensible ou allergiques doivent cependant éviter de la toucher. Au moment de la nymphose, elle tisse un cocon de soie mêlé de poils et le contact avec ce cocon peut provoquer des démangeaisons pendant quelques heures, sans conséquence.
Comment la reconnaître ? Cette chenille possède des poils bruns assez courts sur tout le corps, et roux sur les côtés et aux extrémités. Elle possède des bandes noires entre les segments abdominaux. Sa tête est assez grosse et velue. Elle peut être confondue avec le Bombyx du trèfle (Lasiocampa trifolii), qui lui ressemble beaucoup mais est un peu plus clair et plus roux.

Le Bombyx de la ronce (Macrothylacia rubi)
Le Bombyx de la ronceOù vit-elle
 ? Plutôt dans la végétation basse : elle se nourrit de nombreuses plantes herbacées et de certains petits ligneux comme les Ronces ou les Chèvrefeuilles.
Quand peut-on l’observer ? On la rencontre plus tardivement que les espèces évoquées plus haut, car les chenilles naissent au milieu du printemps et achèvent leur développement en automne. C’est généralement en septembre – octobre qu’elles sont bien visibles à leur dernier stade larvaire, puis à nouveau au tout début du printemps vers février – mars, lorsqu’elles se réveillent de leur diapause et cherchent un endroit pour se nymphoser. 
Est-elle dangereuse ? Elle n’est pas réputée pour être urticante. Comme pour d’autres chenilles évoquées plus haut, il est recommandé aux personnes à la peau sensible et/ou allergiques d’éviter de la toucher à main nue.
Comment la reconnaître ? Cette chenille ne porte que deux couleurs, l’orange et le noir. Sa tête est relativement grosse et duveteuse. Le noir est dominant chez les jeunes chenilles qui sont nettement cerclées d’orange. En grandissant, les anneaux sont moins visibles sous la toison plus dense de ses poils. Au dernier stade, la chenille se pare d’une bande dorsale orange à rouge, et de poils latéraux gris.

Le Bombyx buveur, ou la Buveuse (Euthrix potatoria)
La Buveuse

Où vit-elle
 ? Dans la végétation herbacée, généralement sur les Poacées (graminées) et les Joncacées (joncs) dont elle se nourrit.
Quand peut-on l’observer ? Surtout d’avril à juillet, parfois plus tard dans l’année.
Est-elle dangereuse ? Elle n’est pas réputée pour être urticante, et je n’ai jamais eu de problème en la manipulant. On la rencontre davantage en se promenant dans la nature que dans son jardin.
Comment la reconnaître ? Son allure générale est similaire à celle du Bombyx du chêne, avec un corps très poilu et une tête plutôt grosse. Elle possède une touffe de poils plus longs que les autres à l’avant et à l’arrière du corps. Ses couleurs sont le vert olive et le brun, et elle possède des lignes latérales d’un doré prononcé, accompagnées de taches blanches.

L’Écaille martre (Arctia caja)
L'Ecaille martreOù vit-elle
 ? Elle se nourrit de très nombreuses espèces de plantes différentes, on peut donc la rencontrer un peu partout. Elle se déplace beaucoup durant sa vie de chenille.
Quand peut-on l’observer ? D’avril à août environ.
Est-elle dangereuse ? Malgré son aspect très velu, elle n’est pas réputée pour être urticante. Je n’ai jamais eu de problèmes en la manipulant : en « forçant » vraiment, c’est-à-dire en la caressant « à rebrousse-poil », je me suis retrouvée avec quelques petits poils dans le doigt qui sont tombés tout seuls sans provoquer de réaction. Mais une fois de plus, les personnes allergiques ou sensibles doivent rester prudentes.
Comment la reconnaître ? Sa couleur générale est le noir, qui recouvre presque tout son corps, et l’orange, à l’avant et sous le corps. Elle possède de très longs poils blancs et une petite tête noire glabre et lisse. Elle se déplace très vite pour une chenille.

Le Manteau pâle (Eilema caniola)
Le Manteau pâle
Où vit-elle ? C’est souvent sur les façades des maisons, à proximité des toitures, sous les rebords de fenêtres voire même à l’intérieur des maisons que l’on rencontre cette chenille. D’ordinaire plutôt discrète, cette chenille mangeuse de lichens peut s’observer en grand nombre certains étés. 
Quand peut-on l’observer ? Cette espèce connaît une à deux générations par an : on observe généralement la chenille au printemps vers mai-juin, puis au alentours du mois d’août
Est-elle dangereuse ? Légèrement urticante, cette chenille peut provoquer des réactions cutanées en cas de contact chez les personnes à la peau sensible. Ces réactions ne sont pas grand chose comparées à celles que peuvent provoquer les processionnaires : il faut simplement éviter le contact avec la peau (ne pas prendre les chenilles dans ses mains). En cas d' »invasion », vous pouvez balayer les chenilles qui se trouvent sur les murs ou à l’intérieur de votre maison à l’aide d’une petite belle et d’une balayette, pour aller les déposer en dehors de votre jardin. 
Comment la reconnaître ? La chenille du Manteau pâle est brun grisâtre à noire avec deux lignes dorsales de motifs orange de forme ovale. Elle a une petite tête noire et brillante, et son corps est couvert de courtes soies brunes ou grises. 

L’Écaille chinée (Euplagia quadripunctaria)
L'Ecaille chinée
Où vit-elle ? Polyphage sur de nombreuses plantes basses, cette chenille peut être rencontrée à proximité des Orties, des Lamiers, des Ronces…
Quand peut-on l’observer ? Au printemps, surtout d’avril à début juin.
Est-elle dangereuse ? Elle n’est pas réputée pour être urticante et je l’ai déjà manipulée sans problème, mais évitez de la prendre dans vos mains si vous avec la peau sensible.
Comment la reconnaître ? Son corps est gris sombre avec plusieurs séries de taches orange cerclant le dessus des segments abdominaux, et une ligne dorsale de motifs jaunes.

L’Écaille villageoise (Arctia villica)
L'Ecaille fermière
Où vit-elle ? Sur de nombreuses plantes basses, notamment les Orties, les Plantains, les Pissenlits, les Centaurées…
Quand peut-on l’observer ? Généralement au début du printemps, aux alentours de mars à mai.
Est-elle dangereuse ? Elle n’est pas réputée pour être urticante et je l’ai déjà manipulée sans problème, mais par précautions évitez de la prendre dans vos mains.
Comment la reconnaître ? Le corps de cette chenille est brun sombre, avec de longs poils brun roux. Sa tête, ses pattes et ses fausses pattes sont rouges.

L’Écaille tesselée (Cymbalophora pudica)
L'Ecaille tesseléeOù vit-elle ? Plutôt dans la moitié Sud de la France, sur diverses plantes basses, notamment les Graminées. 
Quand peut-on l’observer ? Généralement au début du printemps, vers mars – avril, puis en été aux alentours de juillet – août (deux générations par an).
Est-elle dangereuse ? Elle n’est pas réputée pour être urticante, mais évitez par précautions de la prendre dans vos mains (je sais, je me répète !).
Comment la reconnaître ? Le corps de cette chenille est gris, avec une bande latérale beige s’étendant au dessous du corps. Elle est couverte de petite verrues brunâtres desquelles partent de courtes soies claires. Sa tête est noire.

La Noctuelle de la patience (Acronicta rumicis)
La Noctuelle de la patience
Où vit-elle ? Sur diverses plantes basses et ligneuses, comme les Patiences mais aussi les Pissenlits, les Renouées, les Orties, les Saules, les Peupliers…
Quand peut-on l’observer ? Plutôt en été et au début de l’automne, surtout de juillet à octobre.
Est-elle dangereuse ? Non.
Comment la reconnaître ? La couleur de son corps varie du beige au noir. Elle porte sur le dessus une série de taches circulaires rouges, entourées de deux taches rectangulaires blanches. Elle possède également une ligne latérale de motifs blancs et rouges alternés, et une dense pilosité rousse.

Conclusion

De nombreuses chenilles françaises peuvent être confondues avec les processionnaires. Gardons à l’esprit que le territoire français héberge près de 5000 espèces de Lépidoptères – et donc, de chenilles – différentes, dont trois seulement sont potentiellement dangereuse pour l’homme. Inutile donc de s’alarmer face à la moindre chenille poilue, ou de chercher à la détruire avant même de l’avoir identifiée. Dans la plupart des cas, même pour les chenilles urticantes, il suffit de s’éloigner de la zone concernée. Le mieux reste, lorsque cela est possible, d’apprendre à nos enfants à ne pas toucher les chenilles poilues, et de surveiller les déplacements de nos animaux domestiques lors des périodes de processions.

Cet article n’est pas un catalogue exhaustif des chenilles poilues : il présente seulement les espèces les plus fréquemment confondues avec les processionnaires, ce qui suffit à donner une idée de la grande diversité des chenilles poilues au sein de la faune française. Si vous avez trouvé une chenille poilue qui ne figure pas parmi cette liste, n’hésitez pas à m’envoyer un message sur la page facebook du site : je vous aiderai à l’identifier.

Fiches récapitulatives sur les chenilles poilues : n’hésitez pas à les diffuser ! Les autres fiches de cette série sont disponibles sur la page Ressources pédagogiques


Dernière mise à jour de la page : août 2021

  • Ajout du Manteau pâle (16/08)
  • Remplacement des images, ajout de la Piéride du chou, de la Laineuse du prunellier, de l’Écaille tesselée, de l’Écaille chinée, de l’Écaille villageoise, de la Petite tortue, du Paon du jour, de la Mélitée du plantain et de la Noctuelle de la patience ! (12/08)

3 commentaires sur « Processionnaires et autres chenilles « poilues » : ne les confondez plus ! »

  1. Merci pour ces informations. Je suis rassurée de savoir que ce ne sont pas des chenilles processionnaires que j’ai dans mon appartement! Je pense que ce sont des manteaux pâles (ma chambre est sous les toits). Elles sont donc peu urticantes mais representent-elles un danger pour mon chat? Je suis très inquiète et je ne peux malheureusement pas empêcher les chenilles de rentrer….

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    1. Bonjour Lili, je découvre votre commentaire en même temps que ce site très instructif. Je partage la même inquiétude que vous : depuis deux semaines environ, de petites chenilles s’invitent dans ma chambre sous les combles de ma maison (sans jardin), s’introduisant par la lucarne. Elles se déplacent seules, pas en groupe, et sont si petites qu’au départ je les remarquais à peine, on peut les confondre avec de petits bouts de résineux. Mais assez rapidement je me suis réveillé le matin (ma literie étant à même la moquette) avec des boutons voire des plaques rouges sur les jambes qui ne me brûlent pas mais provoquent de vives démangeaisons. J’en cherchais la cause et ce n’est que ce soir en tombant sur une de ces chenilles un peu plus grosses, que j’ai filmée, que j’ai fait le rapprochement… Je pense qu’elles sont la cause de mes piqures nocturnes, mais je ne suis pas sûr de leur espèce. J’interrogerai dès que possible l’auteur de cet article très intéressant. Comme vous, je suis inquiet pour mon chat (et j’ai aussi un lapin nain – même s’il ne va pas dans cette pièce) et éventuellement pour ma fille….Bon courage à vous. Gilles

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    2. Bonjour, cette année j’en ai eu beaucoup dans ma chambre depuis début avril. Ma chambre est sous les toits et il s’agit dans mon cas du manteau pâle (j’ai même commencé a voir les papillons). J’ai un chat aussi, jusqu’à présent je n’ai pas eu de soucis. Après, dès que j’en vois une je l’a met dehors. De plus dans ma chambre elles restent surtout en hauteur donc mon chat n’y a pas accès. Bonne journée

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