Le Bombyx du trèfle (Lasiocampa trifolii)

La grosse chenille velue du Bombyx du trèfle (Lasiocampa trifolii) se rencontre au printemps dans les prés et au  bord des chemins de campagne. On pourrait à première vue la confondre avec son cousin le Bombyx du chêne (L. quercus), mais elle s’en distingue aisément par sa couleur orange vive.

Reconnaître le Bombyx du trèfle

La chenille du Bombyx du trèfle se reconnaît à sa pilosité orangée très fournie, couvrant totalement sa peau grise. Sa tête rousse, volumineuse, est couverte de petites soies et de motifs noirs et jaunes. Elle porte sur les côtés des motifs gris et blancs, plus ou moins visibles selon les individus et leur stade de développement. Entre les segments abdominaux, on peut distinguer, lorsque la chenille est étirée, des bandes noires tachetées de motifs blancs et parfois bleuâtres.
Confusion possible. On peut la confondre avec la chenille du Bombyx du chêne (Lasiocampa quercus), mais cette dernière est brune et non rousse. Les deux espèces se développent à peu près en même temps, et peuvent être observées à la même période.

Cycle de vie

Comme celle du Bombyx du chêne, la femelle du Bombyx du trèfle pond ses œufs en plein vol, à ras de la végétation, de juillet à septembre. Selon les régions, les œufs peuvent éclore en automne ou à la fin de l’hiver suivant. Dans le premier cas, les chenilles commencent leur développement jusqu’au début de l’hiver puis hivernent jusqu’au printemps suivant ; dans le second cas, les chenilles éclosent entre fin janvier et début mars, et se développent d’une traite sans diapause jusqu’à la fin du printemps. La journée, on peut trouver les chenilles de ce Bombyx perchée au sommet des graminées ou des arbustes, prenant le soleil.
Au terme de son développement, la chenille atteint 6 à 7 centimètres de long. Elle tisse alors un cocon de soie ovoïde orangé au sol, à proximité de ses plantes-hôtes, et se nymphose à l’intérieur ; elle l’agrémente de petits poils aux propriétés urticantes, le rendant désagréable au toucher.
Le papillon émerge du cocon en été, généralement en juillet-août. Comme les autres papillons de cette famille, il est incapable de se nourrir, dépourvu de trompe fonctionnelle, et vit juste assez longtemps pour avoir le temps de se reproduire.

Plantes-hôtes

Les plantes-hôtes de cette chenille sont nombreuses. Elle apprécie, bien entendu, les Fabacées herbacées comme ligneuses : les Trèfles (Trifolium) mais aussi les Luzernes (Medicago), la Gesse des prés (Lathyrus pratensis), le Sainfoin cultivé (Onobrychis viciifolia), le Pied-d’oiseau délicat (Ornithopus perpusillus), le Mélilot officinal (Melilotus officinalis), le Genêt à balais (Cytisus scoparius), la Bugrane épineuse (Ononis spinosa), la Vesce craque (Vicia cracca), l’Ajonc d’Europe (Ulex europaeus), l’Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria)…
Elle se nourrit également de certaines Graminées comme la Fétuque ovine (Festuca ovina), le Seigle de mer (Elymus arenarius) ou le Fromental (Arrhenatherum elatius). D’autres espèces sont aussi mentionnées comme plantes-hôtes : les Ronces (Rubus), le Prunellier (Prunus spinosa), la Petite-oseille (Rumex acetosella), ou la Bruyère commune (Calluna vulgaris).

Répartition et habitat

On rencontre cette espèce dans une vaste partie de l’Europe jusqu’à la Russie, ainsi qu’en Afrique du Nord. En France, elle est présente partout, essentiellement en plaine.
Elle affectionne les milieux ouverts plutôt secs, parfois humides : pelouses calcaires, pâtures, dunes littorales et landes sableuses jusqu’à 1700m d’altitude.

Étymologie

Le Bombyx du trèfle porte le nom scientifique Lasiocampa trifolii. Lasiocampa est le genre type de la famille des Lasiocampidés, du grec lasios = « chevelu » et kampa = « larve »; c’est très littéralement la famille des papillons aux larves chevelues… il faut comprendre par là que leurs chenilles sont très poilues !
L’épithète spécifique trifolii fait référence aux trèfles, Trifolium, qui font partie des plantes hôtes de l’espèce. En Français, on nomme également cette espèce Petit minime à bande.

Une chenille dangereuse ?

Les poils de la chenille du Bombyx du trèfle ont des propriétés légèrement urticantes, et sont susceptibles de générer des réactions en cas de contact avec la peau. Il semblerait toutefois que les personnes à la peau sensible soient davantage sujettes à ces réactions. Dans tous les cas cette chenille n’est pas réputée pour être dangereuse, et il n’est pas nécessaire de s’affoler si vous en trouvez une dans votre jardin. Par précautions, évitez de la prendre dans vos mains. Si vous avez des enfants en bas âge et que vous avez peur qu’ils la touchent, vous pouvez toutefois la déplacer délicatement en utilisant une cuillère à soupe et un récipient, pour aller la déposer en dehors de votre jardin.
Mon expérience personnelle. J’ai manipulé à plusieurs reprises les chenilles de cette espèce sans constater de désagréments ; tout au plus, peut-être, quelques poils ont pu me rester dans les doigts durant quelques minutes, avant de tomber.

Galerie photos

Bibliographie

  • D. J. Carter, B. Hargreaves, Guide des chenilles d’Europe, Delachaux et Niestlé
  • J-F. Aubert, Papillons d’Europe I, Delachaux et Niestlé
  • B. Henwood, P. Sterling, R. Lewington, Field Guide to the Caterpillars of Great Britain and Ireland, Bloomsbury Wildlife Guides
  • H. Bellmann, Quel est ce papillon ?, Nathan
  • Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten (Lepiforum) : Lasiocampa trifolii
  • Lepidoptera and their ecology : Lasiocampa trifolii
  • Moths and Butterflies of Europe and North Africa : Lasiocampa trifolii
  • Lépinet : Lasiocampa trifolii
  • Artemisiae, le portail dynamique national sur les papillons de France : Lasiocampa trifolii

Dernière mise à jour de la page : août 2021