Avant d’entrer dans le vaste monde des chenilles, il convient de se pencher sur quelques sujets afin de comprendre leur fonctionnement.
Une chenille, c’est quoi ?
Le terme chenille désigne la larve d’un lépidoptère, c’est-à-dire d’un papillon. De l’éclosion à la nymphose, la chenille traverse plusieurs stades caractérisés par des mues successives : elle fait « peau neuve » en se débarrassant de son ancienne peau.
Les chenilles ne doivent pas être confondues avec les larves de tenthrèdes et de certains coléoptères (voir plus bas).
Anatomie
Caractéristique que l’on retrouve chez tous les insectes, les chenilles sont constituées de 3 parties : la tête, le thorax et l’abdomen.
La tête, appelée capsule céphalique, est composée de plusieurs parties souvent difficiles à discerner à l’œil nu. Les yeux sont constitués de plusieurs ocelles (généralement 6 de chaque côté) appelés stemmates et disposés de chaque côté de la tête. Les pièces buccales comportent, entre autres, deux mandibules destinées à broyer les aliments et deux palpes à fonction sensorielle. À cela s’ajoutent deux glandes productrices de soie et une paire d’antennes difficilement visibles à l’œil nu, situés entre les mandibules et les yeux.
Le thorax est divisé en 3 segments respectivement nommés prothorax, mésothorax et métathorax. Le premier segment porte une plaque pronotale dans le prolongement direct de la tête. Chaque segment porte une paire de vraies pattes, c’est-à-dire de pattes articulées munies d’une griffe. Ces vraies pattes sont toujours au nombre de 6, comme pour tous les insectes. Elles ont une fonction préhensive lors de la consommation d’aliments.
L’abdomen est quant à lui constitué de 10 segments dont certains portent des fausses-pattes (à partir du troisième segment). Contrairement aux vraies pattes, elles ne sont pas articulées.
Leur nombre est toujours inférieur ou égal à 5 paires. En fonction du nombre de paires de fausses-pattes, on peut parfois déterminer la famille à laquelle appartient l’insecte. Elles ont une fonction de locomotion et de maintien au support (branches, feuilles …), et sont équipés de crochets pouvant être disposés en couronne (comme ci-contre sur une chenille à terme de Cossus-gâte bois, Cossus cossus) ou en rangées.
Le corps de la chenille est ponctué de stigmates (ou spiracles). Il s’agit d’orifices respiratoires situés à la surface de la peau de la chenille, au niveau du prothorax et des 8 premiers segments abdominaux. Elles sont plus ou moins visibles selon les espèces et leur pilosité.
Chez les chenilles, la pilosité est très variable : là où certaines espèces arborent une dense toison de soies, d’autres apparaissent totalement glabres. Toutes les chenilles portent cependant un certain nombre de soies, parfois très courtes, nommées soies primaires. Les chenilles à la pilosité plus fournie disposent quant à elle d’un second type de soies, dites secondaires, souvent plus longues. Dans certains cas, la disposition et la densité des poils permet de déterminer la famille à laquelle appartient la chenille.
Confusions possibles
D’autres groupes d’insectes ont des larves similaires à celles des lépidoptères : il s’agit notamment des tenthrèdes (guêpes symphytes de l’ordre des hyménoptères) et des coléoptères. Voici quelques astuces pour ne pas les confondre :
- Comme nous l’avons vu plus haut, les chenilles ont toujours 3 paires de vraies pattes et un nombre de paires de fausses-pattes compris entre 2 et 5. Elles possèdent en général 6 paires d’yeux difficilement visibles, situés au niveau des mandibules.
- Les larves de tenthrèdes, quant à elles, possèdent 3 paires de vraies pattes et un nombre de paires de fausses-pattes compris entre 6 et 9. Ils possèdent une seule paire d’yeux, souvent bien visible lorsque la tête est de couleur claire.
Bien qu’elles soient aussi appelées « mouches à scies », les tenthrèdes sont en réalité plus proches des guêpes. Cette dénomination leur vient de l’aspect dentelé de l’ovipositeur des imagos.
Les larves de tenthrèdes peuvent, comme les chenilles, avoir des aspects variés selon les genres. Ainsi, cette larve du genre Periclista (ci-contre) est couverte de sortes d’épines fourchues et sa tête noire ne permet pas de distinguer, à première vue, ses deux yeux.
Certaines espèces sont grégaires au stade larvaire et peuvent causer des dégâts sur les plantes lorsqu’elles y sont présentes en grand nombre, notamment dans les jardins. - Enfin, certaines larves de coléoptères peuvent être confondues, à première vue, avec des chenilles. C’est notamment le cas de certaines larves de chrysomèles comme ces larves de Galeruca tanaceti se nourrissant sur une Stellaire holostée. Un examen très rapide de l’insecte permettra d’abandonner la thèse de la chenille : contrairement à ces dernières, les larves de coléoptères ne possèdent pas de paires de fausses-pattes.
Bibliographie
– Guides des chenilles d’Europe, D. J. Carter et B. Hargreaves, éditions Delachaux et Niestlé.
Dernière mise à jour de la page : avril 2020