Se débarrasser des chenilles au jardin

Si vous avez un peu parcouru ce site avant de tomber sur cette page, vous aurez sans doute compris à quel point j’affectionne les chenilles. Pour autant, je dois reconnaître qu’elles peuvent poser d’importants problèmes dans les cultures, lorsqu’elles y sont présentes en grand nombre.
Voici donc quelques conseils s’adressant aux jardiniers amateurs qui seraient confrontés à la présence de chenilles dans leur jardin.

Avant tout intervention : identifier les chenilles.

La première chose à faire, lorsqu’on souhaite se débarrasser de chenilles, est d’identifier l’espèce à laquelle elles appartiennent et les dégâts qu’elles sont susceptibles de causer. Pour cela, vous pouvez utiliser un guide d’identification des chenilles (voir la rubrique pour aller plus loin où quelques sites et ouvrages sont conseillés) en vous référant à la morphologie et à la plante-hôte de vos chenilles. Si vous possédez un compte facebook, vous pouvez également poster une photo sur un groupe comme Entomologie France, pour que des personnes éclairées vous donnent des informations sur l’espèce.

Évaluer la menace que représentent les chenilles.

cat (12).pngMaintenant que vous connaissez l’identité de vos chenilles, posez-vous les questions suivantes : est-ce que ces chenilles sont vraiment dangereuses pour mon jardin ? Est-ce qu’elles risquent de nuire à mes récoltes ou à l’aspect esthétique de mon jardin ? Est-ce qu’il s’agit d’une espèce exotique envahissante, comme la Pyrale du buis, ou bien d’une espèce en déclin comme la Grande tortue (ci-contre, à gauche) ? Est-ce que ces chenilles sont urticantes et potentiellement dangereuses pour mes enfants ou mes animaux de compagnie ?
Vous l’aurez compris, le comportement à adopter dépendra des réponses à ces questions.

Intervenir… ou non. 

Examinons plusieurs cas de figure fréquemment rencontrés.

Cas n°1 : Les chenilles mangent les légumes du potager. Il peut s’agir de chenilles de la Piéride du chou, très nombreuses sur les différentes variétés de choux, ou encore du Machaon, généralement isolé sur les feuilles de carottes ou d’aneth.
Les chenilles de la Piéride peuvent causer d’importants dégâts dans les choux. Si vous ne voulez pas les tuer, vous pouvez vous résoudre à « sacrifier » un de vos choux en y déposant toutes les chenilles (elles ne sont pas urticantes). Vous pouvez également les ramasser une à une dans un seau et les déposer en dehors de votre jardin : elles peuvent se nourrir d’autres plantes de la famille des Tropaleolacée et des Brassicacées, comme la Grande capucine (Tropaeolum majus) ou la Monnaie du Pape (Lunaria annua).Papilio machaon

En revanche, les chenilles du Machaon (ci-contre, à droite) ne causent généralement pas de dégâts conséquents sur les plantes dont elles se nourrissent, d’autant plus que l’on consomme rarement des fanes de carottes. Si elles vous dérangent vraiment, vous pouvez les déplacer sur d’autres plantes de la famille des Apiacées, comme la Carotte sauvage (Daucus carota).
Dans les cas les plus extrêmes, il est possible d’avoir recours à la bactérie Bacillus thuringiensis. Pulvérisée sur les plantes, elle tue les chenilles qui s’en nourrissent. Mais son utilisation est à réserver aux cas les plus graves car elle peut tuer indifféremment d’autres espèces d’insectes…

Cas n°2 : Les chenilles sont urticantes. Il s’agit des chenilles processionnaires (du pin et du chêne) et de certaines chenilles de « bombyx », le Cul-brun et le Cul-doré. Ces deux dernières ne sont pas dangereuses en l’absence de contact avec la peau.
Si ces chenilles se trouvent dans votre jardin, et que ce dernier est régulièrement côtoyé par des enfants ou des animaux domestiques, il convient de faire appel à un spécialiste qui interviendra pour retirer les éventuels nids.
Attention cependant à ne pas confondre les chenilles inoffensives avec les chenilles processionnaires !

Cas n°3Les chenilles sont dans les arbres et mangent les feuilles. Si ces arbres sont destinés à produire des fruits (Cerisiers, Pommiers…) et qu’ils sont assez jeunes pour souffrir de la présence d’un grand nombre de chenilles, vous pouvez déplacer ces dernières. Si l’arbre est jeune, vous pourrez en principe accéder à la plupart des branches exposées afin de faire tomber les chenilles dans un seau et les déplacer. Renseignez vous sur l’espèce qui pose problème pour connaître les autres plantes dont elle se nourrit : les Livrées des arbres peuvent par exemple être déplacées sur des Prunelliers, les Grandes tortues sur des Merisiers ou des Ormes…
Mais dans la grande majorité des cas, les chenilles, en nombre restreint, ne causeront aucun dommage irréparable à votre arbre. Voyez vous même avec ces photos du cerisier de mon arrière grand-mère, la première prise le 20 mai après le passage de chenilles de Grande tortue et la seconde le 28 août : les feuilles avaient repoussé sans problème et il était impossible de trouver les traces du passage des chenilles.

Cas n°4 : Les chenilles ne sont pas indigènes. Il s’agit du cas de la Pyrale du buis. rondpyrale.pngMalheureusement, il est souvent trop tard pour intervenir. Si vous avez des buis dans votre jardin, examinez-les pour vous assurer qu’aucune chenille n’est présente. En hiver, les jeunes chenilles se confectionnent un petit abri en assemblant plusieurs feuilles de buis par quelques fils de soie. Ces constructions sont faciles à repérer, et vous pouvez retirer les feuilles concernées pour éviter qu’elles se développent au printemps. Il ne faut pas avoir de remords à tuer cette espèce-là, qui cause de grave problèmes aux écosystèmes et aux espèces indigènes : je ne parle pas des buis attaqués dans les jardins, mais des buxaies détruites dans certaines régions, qui abritent l’Orrhodie du buis (Conistra daubei), une noctuelle se nourrissant de cette plante et qui pourrait régresser sous l’action conjointe des traitements contre la pyrale du buis et de l’effet de cette dernière sur la plante-hôte. Le mieux est encore de cesser d’importer des arbustes d’ornement d’autres continents, et de favoriser les variétés locales déjà évoquées ici.

Vous l’aurez compris, mon avis est évidemment qu’il vaut mieux éviter de détruire à tout-va les chenilles qui se promènent dans nos jardins et qu’il est plus intéressant, tant pour la biodiversité que du point de vue des valeurs que nous voulons transmettre à nos enfants, d’apprendre à cohabiter avec elles autrement qu’en les tuant.