Quelle est la plus grosse chenille de France ? et du monde ?

La plus grosse chenille de France…

Chenille du Grand paon de nuit. Photo © Saxifraga | Frits BinkDu long de ses 11 à 12 centimètres de long, la plus grande chenille de France est celle du Grand paon de nuit (Saturnia pyri). On la reconnaît à sa couleur vert pomme, virant à l’orange terne peu de temps avant la nymphose, et à ses petites verrues bleues desquelles partent des soies rêches et plus ou moins ondulées. Cette espèce détient à la fois le record de la plus grosse chenille et du plus grand papillon d’Europe : l’imago atteint la modeste envergure de 15 centimètres ! Photo © Frits Bink | Saxifraga

© Frits Bink | SaxifragaCo-détentrice du titre de la plus grande chenille de France, celle du Sphinx tête de mort (Acherontia atropos) mérite également d’être mentionnée puisqu’elle peut elle aussi atteindre les 11 à 12 centimètres de long, voire même 15 si on l’étire. On peut la rencontrer en été sur les plants de Pommes de terre et autres Solanacées, mais également sur les Oliviers et les Buddleias.  Photo © Frits Bink | Saxifraga

D’autres chenilles « géantes » en France

Si vous êtes tombé sur cette page en cherchant le nom d’une grosse chenille que vous avez trouvée, et qu’il ne s’agit pas d’une de ces deux espèces, voici quelques autres candidates parmi les chenilles les plus volumineuses de nos contrées.

Le Sphinx du liseron (Agrius convolvuli)

© Frits Bink | SaxifragaChez cette autre espèce de Sphinx, la chenille peut elle aussi atteindre 10 à 11 centimètres de long. Elle se nourrit de Liserons et d’Ipomées. On l’observe le plus souvent lorsqu’elle a terminé son développement et qu’elle traverse routes et chemins de campagne à la recherche d’un endroit pour s’enfouir à plusieurs centimètres de la surface du sol et se nymphoser.  Photo © Frits Bink | Saxifraga

Le Sphinx du troène (Sphinx ligustri)

© H. Baas | SaxifragaCette superbe chenille peut atteindre 8 à 9 centimètres de long. On la rencontre en été sur les Troènes et autres Oléacées. Elle est d’un vert vif et porte des stries latérales blanches, souvent surlignées de stries violettes. Son scolus est recourbé vers le bas, de couleur noire avec parfois du jaune pâle. Au repos, la chenille se tient recourbée en S, avec les (vraies) pattes et la première paire de fausses-pattes dans le vide. Photo © H. Baas | Saxifraga

D’autres chenilles appartenant à la famille des Sphingidés (Sphinx) peuvent aisément atteindre 8 à 9 centimètres de long, mais je ne vais pas toutes les citer pour laisser place à des chenilles appartenant à d’autres familles.

Le Bombyx de la ronce (Macrothylacia rubi)

C’est en automne que cette chenille atteint sa longueur maximale : 8 à 9 centimètres. Elle se met alors à la recherche d’un coin tranquille pour passer l’hiver à l’abri des prédateurs et des intempéries. Elle reprend son activité au printemps suivant, se mettant cette fois-ci en quête d’un abri pour la nymphose. Son corps est densément recouvert de poils noirs, gris et roux, aux propriétés légèrement urticantes pour les personnes à la peau sensible.

Le Bombyx du chêne (Lasiocampa quercus)

De la même famille que le Bombyx de la ronce, cette chenille peut quant à elle atteindre 8 centimètres de long. Elle se reconnaît à sa pilosité brun-roux assez développée et à ses bandes de poils noirs plus courts sur le dessus du corps. Elle se rencontre au printemps sur diverses plantes basses et ligneuses (pas spécialement les chênes).

Le Cossus gâte-bois (Cossus cossus)

Cette grosse chenille rouge et orange peut atteindre jusqu’à 10 centimètres de long. On l’observe au printemps ou en automne, lorsqu’elle quitte l’arbre dans lequel elle s’est développée à la recherche d’un endroit pour s’installer et se nymphoser. On peut également la rencontrer en abattant les arbres malades ou mourants : elle y creuse des galeries pour se nourrir du bois.

La Grande queue fourchue (Cerura vinula)

6 à 7 cm : c’est la longueur que peut atteindre la chenille de la Grande queue fourchue. C’est un peu plus court que les espèces citées ci-dessus, mais bien suffisant pour faire d’elle l’une des plus impressionnantes chenilles de la faune française. On la trouve au printemps dans le feuillage des Saules et des Peupliers. Au terme de son développement, sa peau se teinte d’une belle coloration rose violacée.

L’Écaille martre (Arctia caja)

Cette rapide chenille noire et orange peut atteindre 6,5 centimètres de long. Outre sa couleur, on la reconnaît à sa petite tête noire et à ses longs poils blancs. Le plus souvent, on la rencontre au printemps et en été quand elle se déplace à toute allure le long des chemins de campagne. Très polyphage, elle se nourrit d’un grand nombre de plantes basses différentes.

Notre petit tour des plus grosses chenilles de France s’achève ici. Si vous n’êtes pas parvenu à identifier une chenille sur laquelle vous espériez mettre un nom, n’hésitez pas à me contacter par message privé sur la page facebook du site, ou bien par mail à l’adresse chenilles.net@gmail.com (je mets généralement un peu plus de temps à répondre que sur la page facebook).

Et ailleurs dans le monde ? 

ninillesgéantesLa famille des Saturnidés (à laquelle appartient le Grand paon de nuit cité plus haut) compte parmi ses représentants d’autres « géants », qu’il s’agisse des chenilles ou des papillons. On considère comme « plus grosse chenille du monde » celle de Coscinocera hercules (ci-contre en haut), une espèce endémique du Nord de l’Australie et de la Nouvelle-Guinée. La littérature rapporte qu’elle pourrait atteindre 12 centimètres à son stade final de développement, voir jusqu’à 15 cm si on l’ « étire » ! Cela peut sembler peu au regard de nos géantes européennes, mais il faut également prendre en compte sa circonférence, son poids (jusqu’à plus de 40 grammes), et la présence d’impressionnants scoli (protubérances pointues) sur le dessus du corps.

Attacusatlas.pngDans la famille des Saturnidés, on peut également citer un autre « géant » : l’Atlas (Attacus atlas), dont l’envergure de l’imago atteindrait 30 centimètres (ci-contre). Il est considéré à ce titre comme le plus grand papillon du monde. La taille de la chenille serait néanmoins légèrement inférieure à celle des espèces citées au dessus (André Lequet évoque des chenilles de 8 cm au dernier stade de développement).

Il est difficile de trouver des sources fiables sur internet indiquant la taille des chenilles évoquées à leur dernier stade de développement, mais c’est généralement celle de Coscinocera hercules qui est citée comme la plus grande. Voyez par vous-même sa taille impressionnante dans cette vidéo de Jean Haxaire :


Pour plus d’infos à leur sujet :
– Un suivi d’élevage de Coscinocera hercules sur le forum Lepidoptera, avec de très belles images.
– Un suivi d’élevage d’Attacus atlas par André Lequet.

Bibliographie 

  • D. J. Carter, B. Hargreaves, Guide des chenilles d’Europe, Delachaux et Niestlé
  • J-F. Aubert, Papillons d’Europe I, Delachaux et Niestlé
  • B. Henwood, P. Sterling, R. Lewington, Field Guide to the Caterpillars of Great Britain and Ireland, Bloomsbury Wildlife Guides
  • H. Bellmann, Quel est ce papillon ?, Nathan

Photographies utilisées pour le dernier paragraphe :
– Coscinocera hercules par le Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO) sur Wikimedia commons
– Saturnia pyri par l’utilisateur Djay sur Wikimedia commons
– Attacus atlas par l’utilisateur Quartl sur Wikimedia commons