Les chrysalides ne sont pas toutes identiques, et il existe plusieurs moyens pour une chenille d’effectuer sa nymphose. La forme d’une chrysalide, sa couleur, ses motifs, son attachement ou non à un support… peuvent même permettre de reconnaître une espèce ou la famille à laquelle elle appartient. Pour identifier une espèce, il faut observer les critères suivant :
L’attachement au support
Chez les espèces de la famille des Papilionidés (comme le machaon, à gauche) ainsi que chez les Pieridés (famille des piérides), la chenille tisse un fil de soie avant la nymphose, afin de s’attacher au support. On parle parfois de chrysalide « ceinturée » pour les désigner. Au moment de l’émergence du papillon, celui-ci sortira la tête vers le haut et grimpera le long de la tige pour faire sécher ses ailes.
Chez les Nymphalidés (famille du paon du jour) ainsi que chez d’autres familles comme celle des pyrales, la chrysalide se fait « la tête en bas » : au moment de la nymphose, la chenille s’attache par le cremaster puis se laisse tomber vers le bas. Lors de son émergence, le papillon devra rapidement se remettre dans le bon sens afin de faire sécher ses ailes.
La présence ou l’absence d’un cocon
Chrysalide et cocon, quelle est la différence ?
On nomme chrysalide le stade nymphal des lépidoptères : après avoir passé un certain temps à l'état de larve (chenille), elles se transforment en nymphe (chrysalide).
Le cocon, lui, est une structure fabriqué par la chenille avant sa nymphose : il est tissé à partir de soie produite par la chenille.
Au moment de la nymphose, certaines chenilles tissent un cocon de soie dans lequel elles s’enferment : c’est notamment le cas du Petit paon de nuit. D’autres se confectionnent un cocon à partir des éléments naturels à leur disposition : si elles effectuent leur nymphose dans le sol, il s’agit de terre (par exemple, la Cucullie du bouillon blanc). La chenille du Cossus gâte-bois quant à elle utilise des copeaux de bois : ses puissantes mandibules sont capables de réduire en poussière le bois, afin d’utiliser la sciure pour former son cocon.
Ci dessus, trois exemples de cocons :
– Le cocon du Bombyx cul-brun (à gauche), tissé de soie et dans lequel sont inclus des poils urticants;
– Le cocon d’une Phalène blanche (au milieu), tissé sur une brindille – très similaire au cocon que font les zygènes;
– Le cocon du Cossus gâte-bois, constitué de morceaux de bois (ici, mis à sa disposition).
Attention, les chenilles ne sont pas les seules à tisser des cocons ! Certaines araignées comme l’épeire fasciée pondent leurs oeufs à l’intérieur de petits « nids » de soie. Leur forme est tout de même bien différente de celles des cocons vus ci dessus.
En revanche, j’ai déjà ramené chez moi un cocon tissé contre une branche dans un buisson… et j’ai eu la surprise de voir en sortir un énorme hyménoptère symphyte : Pseudoclavellaria amerinae !
La forme et les motifs
Certaines chrysalides et certains cocons sont très caractéristiques et permettent d’identifier facilement une espèce. Par exemple, la chrysalide du Moro-sphinx (en haut) semble translucide et laisse apparaître les yeux et la trompe du futur papillon. Toujours chez les
sphinx, d’autres chrysalides laissent apparaître de manière très visible la trompe du futur papillon, comme celle du Sphinx du liseron (en bas).
Chez les papillons « de jour » aussi, certaines chrysalides sont facilement reconnaissables. La face dorsale de celle du nacré de la ronce (Brenthis daphne), un nymphalidé, est ornée d’impressionnantes plaques aux reflets irisés.
Par ailleurs, peu de temps avant l’émergence du papillon, ses ailes sont visibles en transparence. Ce phénomène s’observe généralement mieux chez les papillons « de jour » aux ailes colorées : sur la chrysalide du nacré de la ronce ci-dessus, dont les photos ont été prises quelques minutes avant son émergence, on peut voir en transparence les motifs des ailes du papillon.