Elégamment colorée de noir, de jaune et d’orange, la chenille de l’Écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) est plutôt commune dans les parcs et jardins dès le mois de mai. Assez mobile, on peut l’observer se promener au sol d’une plante à l’autre, ou prendre le soleil sur les façades des maisons. Son papillon tout aussi joliment coloré s’observe quant à lui en été : actif de jour comme de nuit, on peut le rencontrer facilement la journée butinant sur les fleurs d’Eupatoire chanvrine ou d’Origan.
Reconnaître l’Écaille chinée
Cycle de vie
La femelle Écaille chinée pond ses œufs au mois d’août, en petit groupe sur la surface de diverses plantes basses. Après l’éclosion, les chenilles minuscules ne restent pas groupées et se dispersent pour se nourrir.
Discrète durant ses premiers stades de développement, la chenille de l’Écaille chinée vit cachée dans la végétation basse. D’abord jaunâtre au premier stade, elle s’assombrit en grandissant pour arborer, dès le troisième stade, une coloration plus sombre : noire sur le dessus, avec une bande dorsale jaune pâle, et des verrues brun sombre à noirâtres. Ce n’est qu’au cinquième stade que ses verrues virent à l’orange vif, fournissant davantage de contraste à sa livrée.
L’Écaille chinée hiverne et passe la mauvaise saison au stade de chenille, pour reprendre sa croissance dès le début du printemps suivant. C’est le plus souvent au mois d’avril et de mai qu’on observe alors les chenilles matures nées l’été précédent. Moins discrètes au dernier stade, elles se montrent volontiers sur les façades des maisons où elles prennent le soleil durant la journée.
Au terme de son développement, vers le mois de juin, la chenille tisse un cocon très fin et grossier dans la végétation, et se nymphose à l’intérieur. La chrysalide, rougeâtre et luisante, s’ouvrira au mois d’août pour libérer un très élégant papillon noir et rouge aux ailes rayées de blanc. Durant la journée, il butine les fleurs d’été, marquant un net intérêt pour celles de l’Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), de l’Origan (Origanum vulgare), du Buddleia de David (Buddleia davidii) ou encore des Cirses (Cirsium). Le soir, attiré par la lumière, il peut entrer dans les maisons ou se poser sur les vitres des fenêtres, montrant alors son ventre blanc taché de noir. Lorsqu’il est dérangé, il entr’ouvre ses ailes antérieures pour laisser apparaître la vive coloration rouge de ses ailes postérieures, masquée au repos.
Plantes-hôtes
Les chenilles de l’Écaille chinée sont polyphage et se nourrissent de plusieurs espèces de plantes herbacées ou ligneuses. Elles marquent cependant une certaine préférence pour certaines plantes ou familles de plantes. Les Boraginacées sont appréciées, notamment les Vipérines (Echium) et les Grémils (Lithospermum), mais elle peut également être observées sur l’Ortie dioïque (Urtica dioica), les Pissenlits (Taraxacum), les Lamiers (Lamium), les Epilobes (Epilobium)… ou encore sur certains ligneux comme les Ronces (Rubus), les Rosiers sauvages ou cultivés (Rosa), les Noisetiers (Corylus)…
Répartition et habitat
L’Écaille chinée est largement répartie en Europe, et présente partout en France. C’est une espèce plutôt commune et qui peut être rencontrée dans de nombreux habitats différents, allant des zones ouvertes aux forêts en passant par les zones urbaines et les jardins.
Bien qu’elle ne semble pas particulièrement rare ou menacée, cette espèce est inscrite en annexe II de la directive Habitats Faune Flore. Cette annexe fixe une liste d’espèces dites « d’intérêt communautaire », dont la présence peut justifier la protection d’un habitat. L’espèce en elle-même n’est pas protégée, mais sa présence sur un site peut justifier que celui-ci soit classé en zone spéciale de conservation.
Étymologie
L’Écaille chinée porte le nom scientifique Euplagia quadripunctaria. C’est la seule représentante européenne du genre Euplagia, nom formé des mots grecs εὖ (eu) signifiant beau, bien, vrai, et πλάγιος (plagios) signifiant oblique, en référence à la bande transversale oblique présente sur ses ailes antérieures. Le nom d’espèce quadripunctaria fait quant à lui tout simplement référence aux quatre taches présentes sur chaque aile postérieure du papillon. Un nom scientifique très descriptif, en somme !
Une chenille dangereuse ?
Bien qu’elle soit couvertes de poils, la chenille de l’Écaille chinée n’est pas réputée pour être urticante. La littérature ne mentionne nulle part des cas de réactions cutanées dues au contact de cette chenille. Évitez toutefois toute manipulation inutile, en particulier si votre peau est très sensible. Si besoin, vous pouvez utiliser une cuillère et un récipient quelconque pour la déplacer et la relâcher hors de portée des enfants trop curieux ou des animaux domestiques.
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Bibliographie
- D. J. Carter, B. Hargreaves, Guide des chenilles d’Europe, Delachaux et Niestlé
- J-F. Aubert, Papillons d’Europe I, Delachaux et Niestlé
- B. Henwood, P. Sterling, R. Lewington, Field Guide to the Caterpillars of Great Britain and Ireland, Bloomsbury Wildlife Guides
- H. Bellmann, Quel est ce papillon ?, Nathan
- Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten (Lepiforum) : Euplagia quadripunctaria
- Lepidoptera and their ecology : Euplagia quadripunctaria
- Moths and Butterflies of Europe and North Africa : Euplagia quadripunctaria
- Lépinet : Euplagia quadripunctaria
- Artemisiae, le portail dynamique national sur les papillons de France : Euplagia quadripunctaria
Dernière mise à jour de la page : avril 2023