Petit papillon blanc annonciateur du printemps, l’Aurore est une jolie piéride que l’on peut voir voler dès la fin du mois de février. Le mâle se reconnaît aisément aux taches orange vif qu’il porte sur le bord des ailes antérieures. La chenille, discrète, mène une vie solitaire sur le feuillage des Cardamines, Alliaires et autres Brassicacées.
Reconnaître l’Aurore
Cycle de vie
Au tout début du printemps, la femelle Aurore dépose isolément ses œufs sur les plantes-hôtes de la chenille. Elle ne dépose qu’un œuf par plante, accompagné de phéromones repoussant les autres femelles ; en retour, elle évite soigneusement de placer ses œufs sur des plantes où une autre femelle a déjà pondu, et déposé des phéromones. Nous allons rapidement comprendre pourquoi.
L’œuf, de forme ovoïde et allongé, est d’abord blanc puis vire rapidement à l’orange. Dès l’éclosion, qui a lieu 4 à 12 jours plus tard, elle se met à parcourir sa plante hôte. Si elle trouve l’œuf d’une Aurore ou d’une autre piéride sur son chemin, elle le dévore sans concession ; car la chenille de l’Aurore règne en maître sur sa plante hôte, et ne tolère pas la présence d’autres congénères.
La petite chenille orange grandit rapidement, et se pare d’un habit vert plus discret. Son dessus vert clair s’éclaircit progressivement dans un dégradé de blanc vers les côtés, qui tranche avec le vert sombre du dessous. Ce mode de camouflage rappelle celui dit d’ombre inversée, qui définit les espèces chez lesquelles la face ventrale est d’une coloration plus sombre que la face dorsale, ce qui a tendance à effacer visuellement leur ombre. Ici, il est exploité à l’envers, puisque la face ventrale de la chenille est plus sombre que la face dorsale ; on pourrait supposer qu’il s’avère efficace lorsque la chenille se tient droite, ou penchée vers l’arrière.
Après 3 à 5 semaines de développement, la chenille quitte sa plante hôte à la recherche d’un endroit pour se nymphoser. Elle se maintient accrochée à un support vertical à l’aide d’une petite ceinture soyeuse, puis se métamorphose. La chrysalide reste ainsi accrochée tout l’été, l’automne et l’hiver, pour dévoiler un papillon au printemps suivant, ou parfois encore une année plus tard.
Plantes-hôtes
L’Aurore pond ses œufs sur diverses plantes de la famille des Brassicacées. Les plus fréquentes sont la Cardamine des prés (Cardamine pratensis), l’Alliaire officinale (Alliaria petiolata) et l’Arabette hérissée (Arabis hirsuta), mais elle peut également pondre sur les Guèdes (Isatis), les Moutardes (Sinapis), les Biscutelles ou Lunetières (Biscutella), les Juliennes (Hesperis), les Rorripes (Rorripa), les Passerages (Lepidium) ou encore les Tabourets (Thlaspi).
Répartition et habitat
On peut rencontre l’Aurore partout en France, dans une grande diversité d’habitats naturels jusqu’à 2100 mètres d’altitude. Elle peuple les lisières forestières, les clairières, les prairies humides, les coupes forestières, les parcs et jardins, et parfois même les éboulis et pelouses sèches ou calcaires.
Étymologie
Le nom Aurore fait référence à la couleur jaune qui orne les ailes du mâle, rappelant celle de l’aurore. Son nom de genre, Anthocharis, vient des mots grecs anthos (ἄνθος) signifiant fleur, et kharis (χάρις), désignant la grâce, ou bien ce qui brille. Anthocharis se réfère donc à la beauté et à la grâce des fleurs. Le nom d’espèce cardamines renvoie quant à lui directement à l’une des plantes hôtes de cette chenille, la Cardamine des prés (Cardamine pratensis).
Moyens de défense, prédateurs et parasites
La chenille de l’Aurore est de la même couleur que le feuillage de ses plantes-hôtes. Elle passe facilement inaperçue lorsqu’elle est au repos contre une tige. Mais elle a tout de même des ennemis qui n’ont que faire du mimétisme, et peuvent la détecter à distance grâce à leurs antennes : les insectes parasitoïdes. Parmi eux, divers Ichneumons (guêpes parasitoïdes de la famille des Ichneumonidés) comme Hyposoter ebeninus peuvent pondre leurs œufs à l’intérieur des chenilles de l’Aurore. Leurs larves se développent alors dans le corps des chenilles, se nourrissant de leurs organes non-vitaux, jusqu’à causer la mort de leur hôte au moment où elles quittent leur corps. D’autres guêpes appartenant à la famille des Braconidés peuvent également la parasiter, comme Cotesia saltator ou Microplitis retentus. Dans cette vidéo de Filming Varwild, vous pouvez voir une chenille d’Aurore parasitée par cette dernière :
Enfin, les mouches Phryxe nemea et P. vulgaris, des Tachinaires, disposent elles aussi d’un organe de ponte permettant de déposer leurs œufs sous la peau des chenilles.
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Cousine provençale
Dans le sud-ouest de l’Europe, on peut rencontrer une autre espèce d’Aurore : l’Aurore de Provence (Anthocharis euphenoides). Elle se rencontre dans les pelouses sèches, lisières et garrigues du Sud-Est de la France jusqu’en Ardèche. Sa chenille vit sur les Biscutelles ou Lunetières, comme la Lunetière lisse (Biscutella laevigata) ou la Lunetière de Lamotte (B. lima).
Bibliographie
- D. J. Carter, B. Hargreaves, Guide des chenilles d’Europe, Delachaux et Niestlé
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- A. Lequet, Biologie et développement de l’Aurore
- Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten (Lepiforum) : Anthocharis cardamines
- Lepidoptera and their ecology : Anthocharis cardamines
- Moths and Butterflies of Europe and North Africa : Anthocharis cardamines
- Lépinet : Anthocharis cardamines
- Artemisiae, le portail dynamique national sur les papillons de France : Anthocharis cardamines
- The Ecology of Commanster, Ecological Relationships Among More Than 7700 Species : Anthocharis cardamines
- Jean-Yves Cordier, Zoonymie du papillon L’Aurore sur le site Lavieb-aile.
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